0 Shares 2089 Views

« Country Life » Chefs-d’œuvre de la collection Mellon – Musée de la Chasse et de la Nature

Le musée de la Chasse et de la Nature présente pour la première fois en France, l’une des plus prestigieuses collections d’art, celle de Bunny (1910-2014) et Paul Mellon (1907-1999). Incroyables collectionneurs, issus d’une famille de philanthropes et héritiers d’une immense fortune, ils consacrent une part importante de leur vie à l’art et aux musées. 

Du British art au post-impressionnisme, de Géricault à Delacroix, de Stubbs à Degas, en passant par les paysages de Monet, Caillebotte ou Seurat, l’exposition révèle l’intérêt de ces remarquables collectionneurs pour l’anglomanie et la peinture impressionniste. Au total, ce sont 41 œuvres du Virginia Museum of Fine Arts dédiées au Sporting Art (courses de chevaux, chasse à courre), aux scènes de loisirs et de vie en plein air qui seront présentées. Pour abriter ces chefs d’œuvre, le musée a fait appel au directeur de la Décoration de la maison Hermès, Antoine Platteau, qui a imaginé une scénographie inspirée de l’écurie du milliardaire dans son domaine d’Oak Spring afin de faire honneur au goût de ce dernier pour les loisirs équestres.

Fidèle à la vocation de la Fondation François Sommer, le musée de la Chasse et de la Nature explore les différents aspects de la relation que l’homme entretient avec l’animal et l’espace naturel. À sa manière l’art rend compte de l’évolution de notre écosystème en traduisant et en orientant la perception des générations successives d’observateurs et de créateurs.

L’exposition Country Life – Chefs-d’œuvre de la collection Mellon du VMFA revient sur un moment de la civilisation occidentale, lié à la Révolution industrielle et l’essor des classes bourgeoises, qui tend à faire de la campagne un lieu voué à la villégiature. Selon le modèle de la country life, issu de la culture britannique, la terre, l’animal domestique – et en particulier le cheval – voient leur valeur productive associée à une valeur récréative. La campagne devient un espace de loisir pour toute une classe sociale généralement issue des villes et entretenant la nostalgie d’une ruralité idéalisée.

En Angleterre, dès la fin du 18e siècle, les sports équestres connaissent un remarquable développement (courses, chasses à courre). Paradoxalement, cela coïncide avec le moment où l’industrie naissante tend à imposer la victoire des chevaux-vapeur sur leurs compétiteurs animaux. Un genre artistique, particulièrement bien représenté dans l’école anglaise, la sporting painting reflète cet engouement du groupe social dominant. Celui-ci va essaimer son modèle culturel vers les autres nations occidentales au gré du courant d’anglophilie qui caractérise le 19e siècle. De ce côté-ci de la Manche, les peintres français, impressionnistes notamment, témoignent d’un autre aspect de la vie à la campagne. Ils révèlent comment, à proximité des villes, l’espace rural est investi par la petite bourgeoisie qui s’y adonne aux loisirs de plein air prônés par les théories hygiénistes.

Poursuivant la tradition familiale, le milliardaire et amateur d’art Paul Mellon (1907-1999) a collectionné avec passion. De manière symptomatique, les œuvres qu’il a rassemblées traduisent son attachement à un mode de vie en voie d’extinction. Certes, Mellon est lié à la tradition anglaise par sa mère, mais son héritage paternel l’assimile au monde de l’industrie et de la finance américain. Doté d’immenses moyens et voué à une vie sociale dans le milieu des affaires, il fait le choix d’une certaine ruralité. Avec Bunny, son épouse, ils vont s’appliquer à transposer au cœur de la campagne de Virginie le mode de vie des gentlemen farmers. Dans leur domaine d’Oak Spring, Bunny donne libre cours à son goût pour le jardinage tandis que Paul élève des chevaux de course. Saturant les murs du cottage, leur collection de peintures illustre cette relation rêvée à la nature, aux antipodes de l’agriculture industrielle qui, au même moment, transforme radicalement le paysage rural.

Exceptionnellement, les chefs-d’œuvre qu’ils ont ainsi rassemblés et qui ont été légués au Virginia Museum of Fine Arts, se retrouvent au musée de la Chasse et de la Nature. Ils peuvent être appréciés dans une perspective d’histoire de l’art. Mais ils témoignent également de l’éveil dans la culture occidentale d’une nouvelle sensibilité à la nature consécutivement au développement industriel et à l’urbanisation.

Vernissage public le mercredi 5 septembre, de 18h à 21h30, entrée libre

[Source : communiqué de presse]

Articles liés

“Tant pis c’est moi” à La Scala
Agenda
53 vues

“Tant pis c’est moi” à La Scala

Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
Agenda
81 vues

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête

C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Agenda
100 vues

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée

Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...